Construction du stand

Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne crois pas avoir jamais respiré autant de poussière de toute ma vie que ce premier jour de préparation.

   

Je suis effectivement chargé de superviser la construction du stand de la boite pour la première édition en Inde d’un congrès spécialisé dans le domaine où je sévis.

 

Donc, après moult discussion avec les corps de métier idoines (menuisier, électricien, imprimeur…) pour leur faire piger le projet, et encore plus moult négociation avec les organisateurs depuis quelques semaines, nous avons commencé l’opus magna vers 13h30, soit en heure indienne, 16h, le temps que le camion et les ouvriers arrivent. Le travail a débuté par une copieuse enguelade des péons du stand voisin qui empiétait de 10cm de notre coté. On ne s’est pas laissé faire, et après avoir rameuté à peu près 50 personnes, chacun y allant de son conseil et de son avis, à grands moulinets de bras, et avant que ça tourne à la bagarre rangée, nous avons réussi a faire reculer la construction du fâcheux.

      

Remplis de la morgue du victorieux, gonflés a bloc devant cette victoire sur l’injustice aveugle, la véritable menuiserie a donc pu débuter, vers 18h, enfin 18h30, le temps que l’électricien officiel du congrès puisse vérifier que nous avions bien tortilloné les deux fils dénudés de la scie circulaire comme il faut avant de les enfoncer avec un crayon dans le tri phasé (ça tourne plus vite !), et qu’il n’y avait pas plus de 4 épissures dans la rallonge de 3 mètres. On ne plaisante pas avec la sécurité dans une entreprise de la sorte (euh, c’est normal les pots de solvants ouverts aux pieds (nus) du gars qui soude sans masque ? On devrait demander à celui qui joue a spiderman dans la charpente à 30m de hauteur, sans casque ni ligne de vie pour accrocher les bannières ce qu’il en pense).

 

Pour construire un stand de 8m sur 3, nous avons une équipe de 25 personnes. Ca vous parait beaucoup ? Gardez à l’esprit qu’il n’y a pas de petits métiers en inde, et que nous avons un redresseur de clou assermenté. Un spécialiste, qui a subit un entraînement rigoureux dispensé par les meilleurs, qui passe son temps à récupérer les pointes tordues qu’une tenaille a martyrisée, et à leur refaire une beauté à grands coups de masse avant de les remettre dans le pot de confiotte d’où elles viennent. On ne jette rien ! Dans notre troupe de pieds nickelés, il y a aussi un passeur d’outil, comme en neurochirurgie, une mouche du coche, un gobeur de mouches, un chercheur d’eau, un buveur d’eau, et deux ou trois dont je n’ai pas encore réussi à définir avec précision la fonction.

   

On est toujours un peu surpris et amusé de voir que ça fonctionne quand même à la fin ce joyeux bordel…

      

Je vais interrompre cette narration, puisqu’ils vont lancer le compresseur artisanal pour peindre le mobilier. Vu l’état malhonnête du truc, je préfère être loin quand il va leur peter à la gueule leur bouzin.

 

J’adore ce pays !