Un jour, un dieu... Aujourd'hui, Shiva
Vous allez
peut être dire que mon panthéon est décousu ('tain, depuis le temps que je
veux la placer celle là…), mais puisqu’on ne suit pas vraiment d’ordre d’importance,
cette fois ci c’est au tour de Shiva de se faire tirer le portrait.
D’après Awesh Raweshnon, un des plus éminent shivatologue du International College of Shivatology de la route de Laveau à Savenay, Shiva, le dieu « On casse tout et on recommence » est le principe destructeur et en même temps régénérateur du monde. Ses meilleurs potes sont Brahmā le créateur et Vishnou le conservateur.
Bien qu'il représente la destruction, il est quand
même regardé comme une force positive, puisque, après la dévastation, survient
la création régénératrice. C’est le petit Nicolas de la Trimurti en quelques
sortes.
A quoi reconnaît-on Shiva quand on le croise
dans la rue. Au fait qu’il aurait du mal à rentrer en boite de nuit. A cause principalement
de son look de beatnik. Il s’est laissé poussé des dreads qui emprisonnent les
eaux du Ganges, il a un très joli serre-tête en forme de croissant de lune, il
porte un slip en peau de panthère et un cobra autours du cou, et surtout, il ne
se déplace jamais sans son trident, qui est je vous le rappelle considéré comme
une arme de sixième catégorie par le ministère de l’intérieur et dont le port
est interdit sans motif légitime. Essayez de faire comprendre à un agent des
forces de l’ordre que c’est pour des raisons religieuses que, tel un rétiaire, vous
transportez un engin trois fois pointu et super dangereux. C’est un truc à
finir soit au gnouf, soit au CPOA de l’hôpital Saint-Anne pour les plus parisiens d’entre vous.
De toute façon, avant de rentrer en boite, il
faudrait qu’il commence par garer son taureau sacré, Nandi, et ça me parait
être un coup a se fritter avec les videurs avant même d’avoir atteint la porte.
C’est un peu con quand même, parce que parait
il, c’est un super bon danseur, le Travolta du Nirvana. Son surnom c’est Naṭarāja (nata : danse ; raja : roi). D’ailleurs, il s’entraîne
souvent, dans un cercle de feu, debout sur un nain noir féroce armé d'une
massue. Il fait ça pour montrer aux ignorants et aux hérétiques que ce n’est
pas donné à tout le monde de danser dans un cercle de feu, debout sur un nain
noir féroce armé d'une massue.
Ah…j’oubliais…il a aussi deux petits signes
particuliers qui le distinguent dans la foule, outre ceux sus-cités, qui sont un
troisième œil au milieu du front et il est bleu comme un schtroumpf après une
sombre histoire d’intoxication au moment où il barattait la mer de lait pour en
faire surgir la liqueur d'immortalité (il n’y a que moi qui voit une
connotation vachement freudienne dans cette histoire ?)
Tiens, puisqu’on est dans le registre, je ne
voudrais pas qu’on pense que je suis le seul dont le siège de la raison se
situe en dessous de la ceinture.
Shiva est très souvent représenté sous la forme d’un lingam, que les dévots oignent de lait et de beurre puisqu’un lingam en activité doit être maintenu humide. Le Linga Purana ne dit il pas, et je suis tout à fait d'accord que "celui qui désire la perfection de l’âme doit adorer le lingam." Le dieu Skanda lui-même est né suite à certaines dévotions de Agni, le dieu du feu pour le lingam. Je ne saurais que trop vous inviter à vous renseigner plus avant sur le pourquoi du comment.
Donc le lingam est une représentation
religieuse tout à fait commune en Inde.
Qu’est ce qu’un lingam, me demandez
vous ?
Un lingam est le plus souvent une pierre mais systématiquement d'apparence phallique, toujours dressé et donc potentiellement créatrice, et fréquemment associé au yoni, symbole… du yoni. Pour faire simple, le lingam s’emboîte parfaitement dans le yoni. On dirait même que ça a été fait pour. Ca y est, vous voyez ?
Pour la petite histoire, alors
que Vishnu et Brahmâ se disputaient la prééminence divine, Shiva apparut sous
la forme d'un lingam de feu infini. Pour se mettre au défi, Brahmā décida d'en
trouver le pinacle sous la forme d'une oie sauvage pour voler aussi haut que
possible et Vishnu décida d'en trouver le fondement en prenant la forme d'un sanglier
et plongea au fond des eaux. Tous deux échouèrent dans cette quête (que celui
qui a dit quéquette sorte tout de suite !) et se prosternèrent devant le
lingam de feu, reconnaissant sa suprématie. Encore plus fort que David
Coperfield, Shiva sortit alors du lingam et leur expliqua que tous deux étaient
nés de lui-même.
Voilà voilà…
J’adore ce pays.